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  • Ça pourrait s’appeler «délicates chroniques des interfaces», les ports selon les géographes qui dégainent illico presto le concept ou «derrière la façade», la façade maritime comme dit la langue cimentée des aménageurs de territoire et de la bureaucratie. On garde délicates chroniques ; on met interfaces et façade au rebut.

    Cette langue ronflante n’est pas celle de Gérard Depralon. Lui, avec sa curiosité aux aguets et son crayon, vagabond, fureteur et affuté il envahit l’interface et efface la façade. Il va voir derrière et d’ailleurs envahir n’est pas le mot. Il se glisse dans les ports en guirlande de l’Occitanie, il y fouine. Ports de pêche, ports pour le loisir, les deux, ports industriels, de plaisance, ports minuscules, timides, qui n’osent pas dire leur nom mais où, comme à Peryiac-de-Mer on peut marcher sur l’eau.

    Ports dont le nom chante la Grèce, Leucate ; ports nés du palus, du marais, Palavas – salut, Dubout – ; ports aux yeux de basalte : Agde, «la perle noire» ; ports où gronde la mythologie des enfers : Cerbère. L’auteur y flâne, s’y attarde, prend son temps : celui par exemple de se faire bachoucher, renverser par un biòu à Aigues-Mortes où, pour se remettre, on boit peut-être un coup à la table où Hemingway a du s’en enfiler plusieurs, le temps aussi de saluer, à Cerbère, la statue en hommage aux transbordeuses d’oranges qui firent sans doute la première grève d’ouvrières en 1906.

    Cet ouvrage qui sent l’iode et le recoin est le contraire d’un guide touristique : il ne maquille rien, il ne passe pas les sites au ripolin, il n’impose rien. Il suggère juste, par exemple, qu’on peut pousser jusqu’aux cabanes de Fleury pour voir couler l’Aude mais on comprend que ce n’est pas impératif. Depralon se méfie des lieux communs, il les contourne, de la brochure touristique, il n’en tient pas compte, de la carte postale, il la retourne : à Sète par exemple il néglige l’incontournable cimetière marin mais s’intéresse, pour en signaler l’incongruité, à l’intempestive tour qui altère la vue du Mont Saint-Clair. Il laisse judicieusement tomber le Cap d’Agde pour le Grau d’Agde. C’est un voyageur comme les aimait Stendhal. Mu par la curiosité, pas d’oeillères et l’ouïe fine : à Saint-Pierre-la-Mer il entend la musique de l’orgue du mémorial dédié à Pierre Brossolette, à Barcarès on lui joue une barcarolle, il écoute du piano à Collioure mais c’est lui qui prend des notes. Elles balancent entre le reportage et la balade, signalent, sans tralala, les découvertes que le hasard des pérégrinations de leur auteur leur propose. On y trouve même le verbe, rare, baguenauder qui n’est pas transitif, est issu de l’occitan et renvoie à une sorte de jeu.

    Le jeu du vagabondage. Qui permet de pénétrer dans le contre-jour d’un atelier conchylicole de Bouzigues, sur l’étang de Thau où l’hippocampe moucheté a trouvé son repaire. Si Depralon dessine le nez au vent, à sa fantaisie, il a le trait juste précis et la chronique didactique mais sans peser. Ses notations sont comme les traces des goélands sur le sable du Grand-Travers. On y apprend au passage que Sainte-Marie-la-Mer voue un culte à l’artichaut, que les roseaux de Torreilles, transformés en anches, font de la clarinette et du saxophone. On file, mais sans se presser, au Grau-d’Agde pour déguster des tellines, ailleurs on s’explique avec une anguille, on boit un Bartissol à Banyuls-sur-Mer, et, évidemment, à Frontignan on arrose la miquette, une brioche indigène, avec ce fameux muscat qui plaisait tant à Hercule et à Thomas Jefferson. Excusez du peu.

    Gérard Depralon
    Occitanie maritime
    Région Occitanie

    Jacques DURAND

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